« Le rêve n’est pas qu’une fonction
de la vie. Il affecte la vie, autant que le réel affecte le rêve. C’est une
boucle à laquelle les gens ne pensent pas. Ils ont peur de croire que leurs
rêves peuvent influencer leur vie… alors que c’est le cas. C’est juste qu’ils
ne l’acceptent pas. »
Cette
phrase est extraite de l’interview de David Calvo par Richard Comballot,
publiée dans le livre Clameurs chez
La Volte fin 2014. Un livre intéressant à bien des égards, autant pour en apprendre
plus sur le travail et les motivations de certains auteurs, que pour découvrir leur
face cachée – et aussi se rendre compte que les choix de La Volte pour
construire son catalogue sont loin d’être hasardeux et présentent une véritable
cohérence littéraire et politique. Pour en savoir plus, je vous conseille la
chronique de l’excellente Rosa Abdaloff lors de l’émission de la Salle 101 du
11 décembre 2014 (que vous pouvez écouter ici).
Si
j’ai extrait la citation de David Calvo, c’est qu’elle me touche
particulièrement – en fait, tout ce que j’ai lu de David Calvo me touche. Je
raconte parfois mes rêves à mes amis, des rêves étranges voire fantastiques ou
de pure SF. J’ai tendance à les prendre comme des histoires et ne cherche pas à
les interpréter ou à les rapprocher de ma vie réelle, mais il est vrai que
quelques fois certains influencent pendant plusieurs jours mon état d’esprit,
en faisant remonter à la surface des émotions que je tente d’enfouir ou que je
croyais avoir oubliées.
Je
n’ai jamais eu de problème pour différencier le rêve de la réalité. En grande
partie parce que mes rêves présentent rarement une continuité d’une nuit à l’autre
(cela arrive parfois, mais rarement). Alors que la continuité de la vie réelle
est indéniable. On m’a parfois reproché de ne pas avoir les pieds sur terre, malheureusement
je suis fermement arrimé au sol. Cela ne m’empêche pas de m’intéresser aux
rêves et de me poser la question suivante : que se passerait-il si les
rêves acquéraient le même caractère de continuité que la réalité ? Mon
temps de conscience se partagerait alors à égalité entre le rêve et le réel.
Lors
de mes phases éveillées, je continuerais de raconter mes rêves à mon entourage.
Il s’étonnerait de leur richesse et de leur durée – l’équivalent d’une journée
entière. Il se moquerait de leur caractère fantastique et des choses
incroyables et impossibles qui s’y passeraient. Puis nous vaquerions chacun de
notre côté à nos activités parfaitement réelles – prendre le RER, regarder la
télé, manger au restaurant.
En
plein sommeil, je raconterais ma vie réelle – prise pour un rêve – à ces mêmes personnes
(ainsi qu’à quelques extraterrestres de passage) qui s’étonneraient cette fois
de sa triste platitude, de son manque d’inventivité, d’originalité et d’horizon,
avant d’attraper le prochain bateau souterrain pour relier Nation à Châtelet.
De mon côté, je me réjouirais de cette vie si variée comparée à la pauvreté de
mes rêves et monterais sur le premier nuage volant venu pour regagner ma cabane
dans la forêt aérienne.
Et
plus rien ne me permettrait de savoir avec exactitude quand je vis et quand je
dors. L’incertitude m’obligerait à continuer de vivre les deux (ce serait con
de merder dans la vie réelle et du coup compromettre la vie rêvée !), mais
au moins cette fois il y en aurait une qui vaudrait le coup.
En
attendant, il reste les livres de David Calvo. Ça me fait penser que je n’ai
toujours pas lu Minuscules flocons de
neige depuis dix minutes, moi…
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