mercredi 2 janvier 2013

Haut dix (livres)

Et oui, il n’y a pas de raison. Vous ne croyiez pas que j’allais échapper au réflexe pavlovien de la fin d’année qui pousse tout le monde, en commençant par les animateurs télé, à faire des listes, des tops et autres classements sans intérêt ? Bon, en l’occurrence, l’idée n’est pas tant d’établir un ordre que de mettre l’accent sur les livres(1) et BD qui m’ont marqué cette année. Ils seront donc classés par ordre alphabétique. Et bien sûr, vous trouverez aussi bien des nouveautés que des livres sortis il y a des décennies. Mais après tout, comme le dit l’un de mes libraires préférés, « une nouveauté, c’est un livre qu’on n’a pas lu »(2).

Abbés, de Pierre Michon (Verdier)
Anima, de Wajdi Mouawad (Leméac / Actes Sud)
L’Armée illuminée, de David Toscana (Zulma)
Atlas des continents brumeux, d’Ihsan Oktay Anar (Actes Sud)
Cinacittà, de Tommaso Pincio (Asphalte)
Elliot du néant, de David Calvo (La Volte)
Fan Man, de William Kotzwinkle (Cambourakis)
Ni ce qu’ils espèrent ni ce qu’ils croient, d’Elie Treese (Allia)
Le Prophète et le vizir, d’Ada et Yves Rémy (Dystopia Workshop)
La Tour sombre tome 7, de Stephen King (J’ai Lu)

Quelques commentaires sur cette liste.

Une année sans Pierre Michon n’est pas une bonne année. Un style somptueux au service de l’histoire, qui magnifie les gens, les sentiments, le monde. Chaque fois que j’y replonge, je suis épaté par tant de talent, qui a le bon goût de ne pas jouer les m’as-tu vu. Pierre Michon, c’est la classe absolue.

Anima, c’est un livre sauvage, mordant, narré par des animaux – oui. Entre polar et quête identitaire, Wajdi Mouawad livre un roman puissant et beau. J’en parle plus longuement ici.

Une année sans Zulma n’est pas une bonne année non plus. Le dernier opus de David Toscana confirme tout le bien que l’on pense de lui depuis El ultimo lector. Pour en savoir plus, c’est ici.

Atlas des continents brumeux me fut conseillé par ma libraire charybdéenne, et ce fut un excellent conseil. Encore une fois, plutôt que me répéter, je vous renvoie à ma chronique pour la Salle 101.

Cela faisait un moment que Cinacittà attendait dans ma bibliothèque, avec une jolie dédicace de l’auteur rencontré lors d’une édition des Dystopiales. On m’en avait dit le plus grand bien, et je n’ai pas été déçu. C’est drôle, ironique, parfois méchant, et ça parle de Chinois qui investissent une Rome écrasée par la canicule.

Avant d’entamer Elliot du néant, j’ai lu deux recueils de David Calvo : Acide organique et Nid de coucou. Tous deux, d’égale qualité, mériteraient de figurer dans ce top. Notamment, Iceblink Blunk, dans Nid de coucou, relate une enquête au sein de la communauté des bonhommes de neige : c’est tendre, c’est beau, c’est du Calvo. Et puis on y rencontre la jabule… Mais finalement c’est Elliot du néant que je mets ici, car c’est le plus récent, le plus marquant, d’une incroyable richesse malgré son sujet – le néant, donc. À lire absolument.

Fan Man figurait dans la sélection des éditrices d’Asphalte comme libraires du mois d’octobre chez Charybde, ce qui confirme leur bon goût. Complètement barré, Fan Man est un trip halluciné au pays des ventilateurs de poche. Trop génial, mec !

Allia publie de petits livres tout mignons qui se lisent en quelques heures à peine. Le plus souvent, ce sont des documents, des articles, des essais. Mais il y a aussi de la fiction, comme ce premier court roman d’Elie Treese, auteur inconnu qui, espérons-le, ne le restera pas longtemps. Le propos de Ni ce qu’ils espèrent ni ce qu’ils croient n’est pas particulièrement original, mais sa narration spontanée et son ambiance quasi mythologique font de ce texte une excellente surprise.

Après un début qui m’a laissé plutôt sceptique, Le Prophète et le vizir dévoile toute son ingéniosité, nous faisant voyager dans l’espace et le temps, avec un style élégant et moderne.

Enfin, La Tour sombre. J’ai commencé ce cycle il y a presque vingt ans. Il me restait ce dernier tome à lire mais, comme j’ai une passoire dans la tête, j’ai dû relire les précédents tomes pour me remettre dans le bain. Il en a résulté plusieurs mois d’immersion totale dans ce qui restera, je pense, le cycle le plus ambitieux, le plus fantastique qu’il m’aura été donné de lire. Ce dernier tome ne déçoit pas, et conclut la saga de très belle manière.


(1) Je précise que j'en ai lu 52 l'année dernière, histoire de relativiser la chose.

(2) Il faudra un jour que l’on m’explique l’intérêt de la « rentrée littéraire » qui inonde les librairies de tonnes de livres en quelques jours, provoquant une cohue aussi bien matérielle que médiatique qui dessert le livre plus qu’elle ne le sert, à mon avis. Mais bon.

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